Sortie d’automne 2015 – Dimanche 4 octobre
Thouars
La commune de Thouars se situe au nord des Deux-Sèvres sur un plateau qui domine la rivière nommée le Thouet, un affluent de la Loire. Elle est la capitale du Thouarsais, une région naturelle constituée par la plus grande partie de la plaine de Thouars et la partie moncontouroise du Loudunais. Les villes les plus proches sont Bressuire, Parthenay, Saumur et Loudun.
Anciennement appelée Thouars-sur-le-Thouet. Sa population est de 9 462 habitants et sont appelés les Thouarsais.
Thouars a été labellisée ville fleurie et ville d’art et d’histoire.
Historique
Epoque préhistorique et antique
Les premières communautés vinrent s’installer à Thouars il y a plus de 5 000 ans, leurs lieux d’habitation se situaient au bord du Thouet entre le château actuel et la vieille ville. Ces hommes ensevelissaient leurs morts au dolmen du coteau de Fleury, occupaient la grotte de Montsavard et invoquaient leurs divinités sur le tumulus de la Motte des Justices. Ce tumulus est aujourd’hui à peine visible, situé en pleine zone industrielle. Ses dimensions (174m de long et 15m de large) en faisaient le plus long sanctuaire répertorié en France et l’un des plus importants d’Europe.
Les traces d’une voie romaine découvertes dans la vieille ville semblent confirmer l’hypothèse d’une présence dans l’Antiquité. Mais c’est surtout grâce à la découverte d’une pièce mérovingienne sur laquelle figure la mention Toareca que l’on a confirmation de l’existence de la ville dans l’Antiquité et de son nom.
Moyen-Age
C’est seulement au VIIIe siècle que la ville entre dans l’histoire. Dans les années 760, Thouars se trouve en Aquitaine. C’est la forteresse la plus solide de toute la région selon les chroniqueurs de l’époque. Epoque guerrière puisque le duc Waïfre se bat pour l’indépendance de l’Aquitaine contre le roi des Francs Pépin le Bref qui compte bien s’en emparer. En 762, accompagné de son fils le futur Charlemagne, Pépin le Bref arrive devant Thouars, il détruit la cité d’origine gallo-romaine et incendie le château.
A partir du IXe siècle, une lignée de vicomtes va s’imposer et administrer ce fief pendant plus de cinq siècles. Le premier vicomte connu à ce jour est Geoffroy Ier. Il fonde la dynastie de Thouars qui règnera sur le Thouarsais jusqu’à la fin du XIVe siècle.
Située au sud de l’Anjou et à l’entrée de l’Aquitaine, la vicomté de Thouars est un fief stratégique et très riche qui s’étend du Haut Poitou jusqu’à la mer.
A Thouars, une première cité se trouvait entre le château actuel et l’orangerie. On pense également qu’une deuxième citadelle pouvait se trouver entre l’église Saint-Médard et le pôle Anne Desray. Au XIIe siècle, on remplace la citadelle de bois par une forteresse en pierre comparable au donjon de Moncontour et on entoure la ville de fortifications en bois.
On construit également les premiers édifices religieux : Saint-Pierre du Châtelet (aujourd’hui disparu) et Saint-Laon (abbaye fondée pour abriter les reliques de saint Lô). Pour faire face à l’arrivée de nombreux pèlerins, on construit le pont Saint-André au sud (aujourd’hui disparu) et le pont Saint-Jacques à l’ouest (détruit en 1944). Enfin devant l’augmentation de la population, on érige une nouvelle église en dehors des remparts : Saint-Médard-des-Champs.
Capétiens ou Plantagenêts
Lors de son accession à la vicomté de Thouars en 1151, Geoffroy IV de Thouars est un fidèle allié du comte d’Anjou et du Maine Henri Plantagenêt. Mais en 1154, lorsque ce dernier devient roi d’Angleterre sous le nom d’Henri II, il décide de s’allier au roi de France Louis VII. A cette époque, Thouars était coincée entre l’Anjou qui appartenait au roi Henri II et l’Aquitaine qui, à la suite du divorce du roi de France Louis VII et d’Aliénor d’Aquitaine, était redevenue indépendante. Or en 1152, Aliénor épouse Henri Plantagenêt. Par ce mariage, l’Aquitaine lie son destin au royaume d’Angleterre (sans toutefois en faire jamais partie). La vicomté de Thouars se retrouve donc enclavée au milieu de ce qu’on appellera plus tard « Empire Plantagenêt » ; ensemble de territoire liés d’une façon ou d’une autre à la couronne d’Angleterre. Considérant cet état de fait comme une rébellion, le 18 août 1158, Henri II prend la ville d’assaut après trois jours de siège. L’église Saint-Médard est incendiée et le château de nouveau rasé.
Les successeurs de Geoffroy IV seront aussi opportunistes que lui, se rangeant tantôt derrière le roi de France, tantôt aux côtés du roi d’Angleterre. Au XIIIe siècle, pour faire face aux différents conflits entre Capétiens et Plantagenêt, la ville modifie son architecture. Une enceinte de neuf mètres de haut est construite, sa longueur avoisinant les 4.5 km. Elle est renforcée de 37 tours et de trois grandes portes permettant la surveillance et assurant les accès au nord et à l’est de la cité médiévale. De nos jours, seules la tour du Prince de Galles et la tour Porte au Prévôt subsistent. La porte de Paris (qui se trouvait à l’entrée de la rue piétonne) a été détruite au XIXe siècle.
Pendant la guerre de Cent Ans
Au milieu du XIVe siècle, l’Angleterre contrôle une grande partie de la France, dont la ville de Thouars, du fait de la rétrocession du Poitou par le traité de Brétigny. Le roi Charles V nomme alors Bertrand Du Guesclin connétable de France, et il le met à la tête d’une armée de 30 000 hommes pour entreprendre la reconquête de territoires perdus.
La ville de Thouars est assiégée en juin 1372 et c’est seulement cinq mois plus tard et après de lourdes pertes que le vicomte Amaury IV de Craon capitule. Il ouvre la Porte au Prévost et remet les clés de la ville aux armées de Du Guesclin.
Elle fut ainsi définitivement rattachée à la France par Bertrand Du Guesclin le 30 novembre 1372.
Annexée à la couronne de France, la vicomté perd peu à peu de son autorité et de son autonomie. Puis en 1397, sa puissance va à nouveau décliner avec la mort de sa vicomtesse Péronnelle de Thouars, dernière descendante de la famille. La branche aînée des Thouars s’éteint donc après six siècles d’existence.
La famille d’Amboise
La lignée des Thouars disparue, la ville va passer à la famille d’Amboise, mais pour très peu de temps, puisque après une série d’intrigues, le vicomte Louis d’Amboise va être dépossédé de ses terres par Louis XI.
Louis XI passa son enfance en Touraine, mais après 1472, il prit l’habitude de venir chasser dans les forêts autour de Thouars en compagnie de son ami Philippe de Commynes, seigneur d’Argenton. Une fois sur le trône de France, Louis XI réside souvent à Plessis-lez-Tours et il aime venir à Thouars où il séjourne régulièrement, préférant « l’hôtel des trois rois » au château seigneurial. C’est alors que les intrigues contre le vicomte vont commencer.
Louis XI ne supportait pas le comportement du vicomte Louis d’Amboise. Il lui reprochait son train de vie luxueux et sa débauche légendaire. Le vicomte de Thouars se conduisit brutalement vis-à-vis de sa première femme Louise-Marie de Rieux, qu’il fit enfermer au château de Talmont ; puis sa seconde épouse Nicole de Chambes fut rapidement empoisonnée (elle inspira d’ailleurs à Alexandre Dumas son roman : la Dame de Monsoreau).
En 1469, avec la complicité de Louis Tyndo, seigneur de La Brosse, filleul du vicomte, il détruit quelques titres de propriété et annexe la Vicomté au royaume de France. En remerciement, Louis Tyndo est nommé conseiller du roi et premier président du parlement de Bordeaux. Il se fait également construire un bel hôtel particulier où il reçoit à plusieurs reprises Louis XI. Selon Hugues Imbert, l’hôtel Tyndo, serait construit sur les fondations d’un ancien palais du XIIe siècle, appelé « Résidence des Rois d’Angleterre ».
En mai 1470, Louis XI octroya à Anne de France, fille aînée, la vicomté de Thouars en tant que dot, pour le mariage prévu avec Nicolas de Lorraine, jusqu’à la mort de ce dernier le 27 juillet 1473.
Directement administrée par le roi Louis XI dès 1476, la ville entame une période de renouveau et de prospérité. De plus, le 29 décembre 1478, le roi ordonne l’établissement d’un siège royal à Thouars. Les enceintes du château médiéval sont restaurées et l’église Saint-Laon se dote d’une imposante flèche de style gothique.
Mais c’est surtout grâce à la reine Margueritte d’Ecosse que l’abbaye Saint-Laon va acquérir un prestige particulier ; elle va y fonder une chapelle qui quelques années plus tard abritera son tombeau.
En ville, les grandes voies de communication s’améliorent. Le Pont-Neuf (l’actuel Pont des Chouans), est fortifié et protège efficacement l’accès sud-est de la ville.
Avant de mourir, le roi Louis XI décide de restituer la terre de Thouars à ses propriétaires légitimes et c’est ainsi Louis II de La Trémoïlle, petit-fils de Louis d’Amboise, qui récupère la vicomté.
La Vicomté de Thouars devient Duché sous les La Trémoïlle
Louis de La Trémoïlle est un homme de caractère qui met souvent son épée au service de la couronne. Pendant qu’il guerroie aux côtés de François Ier, sa femme, Gabrielle de Bourbon entreprend de grands travaux dans la ville. Elle fait démolir près du château médiéval l’église Notre-Dame pour la rebâtir dans un style plus conforme au goût de l’époque. La collégiale Sainte Chapelle Notre-Dame est unique en France.
En 1563, la vicomté de Thouars est érigée en duché-pairie en faveur des La Trémoïlle par le roi Charles IX. Mais cela ne change pas le quotidien des Thouarsais, car la ville, qui est une citadelle du parti protestant, est durement éprouvée par les guerres de religion.
Ce n’est qu’au début du XVIIe siècle que Thouars retrouve calme et prospérité. Le sud de la ville se transforme en vaste chantier, puisque c’est ici que débute en 1635, la construction d’un nouveau château voulu par l’épouse du duc Henri III de La Trémoïlle, Marie de La Tour d’Auvergne.
Une série de dessins exécutée en 1699, montre les aménagements du site de la ville basse à la fin du XVIIe siècle. L’orangerie comptait 182 pieds d’arbres selon l’inventaire de l’époque. Au début du XVIIe siècle, Charles Belgique Hollande de La Trémoïlle, le petit-fils de Marie de La Tour d’Auvergne, fait redessiner les jardins du château, ce qui entraîne la destruction des écuries et de la remise aux carrosses. La construction de nouvelles écuries plus proches du château est alors confiée à l’architecte du roi Robert de Cotte. Jamais terminées, ces écuries seront successivement transformées au XIXe siècle en ateliers, école de jeunes filles et même une caserne.
Les prémices de la révolte puis la Révolution de 1789
Thouars va connaître au XVIIIe siècle une série de catastrophes naturelles. En 1708, une terrible sécheresse suivie d’un hiver glacial entraîne mauvaises récoltes, famine et épidémies. On dénombrera, rien que dans la paroisse Saint-Médard, 180 morts. Ensuite, un tremblement de terre et deux mois d’orages et de tempêtes éprouvent durement la ville. Le 10 décembre 1711, la flèche gothique de l’église Saint-Laon s’effondre à l’heure de la grande messe. Le bâtiment restera ainsi pendant plus d’un siècle.
A cette époque, les ducs de La Trémoïlle se désintéressent de la ville. Les fastes de la Cour les retiennent à Versailles. Ils ne reviendront que très rarement à Thouars, ne se préoccupant du sort des Thouarsais qu’au moment de la récolte des impôts.
En ville, la rancœur est grande et la colère gronde. Les idées révolutionnaires de 1789 vont ainsi trouver un écho favorable dans toute la région. Au lendemain de la prise de la Bastille, les Thouarsais plantent un arbre de la liberté devant l’église Saint-Médard. Le consensus est grand parmi la population et une partie du clergé va même embrasser les idéaux républicains. Mais les événements vont se précipiter.
En 1791, le couvent des Jacobins, devenu bien national, est vendu puis transformé en poudrière. Il sera finalement en partie démoli. L’église Saint-Laon, qui a perdu sa flèche, est interdite au culte et un hôtel de la patrie est dressé dans le chœur. Le bâtiment sert également de salle de bals et de mariages. Au pied du château, le Pont-Neuf est rebaptisé pont des Chouans car c’est par ce pont que les armées royalistes de Vendée entrent triomphalement dans Thouars lors de la bataille de Thouars le 5 mai 1793. Mais Thouars ne sera occupée que brièvement par les Vendéens pendant la guerre de Vendée, en effet dès septembre 1793, ils sont repoussés et les idées républicaines finissent par triompher.
La Restauration des Bourbons avec Louis XVIII en 1814 suscite un immense mécontentement. Des sociétés secrètes vont chercher à rétablir la République. L’une d’elle va choisir Thouars pour lancer son offensive. Le 24 février 1822, « les Chevaliers de la Liberté » commandés par le général Berton surprennent les gendarmes dans leur sommeil et prennent la ville. Berton essaie de convaincre les Thouarsais de le suivre mais l’insurrection échoue. Arrêté le 17 juin 1822, il est jugé et guillotiné à Poitiers. Ses deux complices, Jaglin et Saugé, sont eux guillotinés le 7 octobre 1822 sur la place Saint-Médard.
Thouars : ville industrielle et « cheminote »
Elle fut chef-lieu de district de 1790 à 1795 et d’arrondissement de 1800 à 1804. La cité s’est beaucoup développée grâce à l’activité liée aux chemins de fer sur la fin du XIXe siècle et toute la première moitié du XXe siècle, lui valant un temps le surnom de « cité cheminote » tant la part de sa population liée au rail était importante. La gare est implantée sur l’axe Paris/Bordeaux et Tours/Les Sables-d’Olonne, il y circulait jusqu’à 65 trains de marchandises ou de voyageurs par jour.
De nos jours, la cité souffre d’un vieillissement et d’une baisse de sa population depuis le milieu des années 1970. Ceci conduit les divers responsables locaux à déployer leur énergie dans la recherche et l’accueil de nouvelles entreprises à l’échelon intercommunal et plus largement sur le Pays thouarsais, et par là même, d’une nouvelle population qui permettrait le maintien des écoles de la ville et un renouveau économique espéré.
Eglise Saint-Médard
Eglise principale de Thouars, Saint-Médard est depuis très longtemps le monument le plus connu et le plus visité de la ville. Cet édifice est systématiquement cité lorsque l’on évoque l’art roman en Poitou. Certaines infor-mations permettent de situer sa construction au XIIe siècle. L’église est encore en dehors de la ville et de sa première enceinte. Elle aurait porté le nom de Saint-Médard des champs. Dès sa construction, elle fait partie des domaines de l’abbaye de Saint-Jean de Bonneval (à Saint-Jean de Thouars). De cette première église de la première moitié du XIIe siècle ne subsistent que certaines parties inférieures de la façade et des murs latéraux. Les deux portails nord et ouest et une grande partie du mur sud sont les parties conservées de l’église de la fin du XIIe siècle. Le portail nord est agrémenté d’un arc polylobé d’architecture mozarabe. L’église va peu à peu évoluer à la fin du Moyen-Âge et sera en grande partie remaniée aux XVe et XVIe siècles. Le mur sud est depuis 2005 agrémenté de vitraux contemporains de « l’atelier du vitrail » de Limoges. Le XIXesiècle est une période de renouveau pour cette église. Un vaste programme de restauration du portail principal est lancé et dure jusqu’en 1870, travaux dirigés par l’architecte Daviaud. L’église est classée Monument Historique en 1909. Depuis 1993, la ville de Thouars, aidée par les Monuments Historiques, a lancé un programme de restauration de l’édifice.
Eglise Saint-Laon
En 1021, un seigneur de la cour du vicomté de Thouars, qui avait en dépôt une relique de Saint-Lô (Laon), évêque de Coutances au Ve siècle, désira honorer ce saint en fondant une communauté de quatre chanoines sur un site à la périphérie de Thouars. Le premier sanctuaire fut vite trop petit car les miracles accomplis par l’intermédiaire des reliques du saint attirèrent de nombreux pèlerins et les dons affluèrent. Une église fut donc mise en construction. De la première période, datée du début du XIIe siècle restent le clocher, les murs, sur lesquels on voit des traces de fenêtres romanes. Ce clocher a été surmonté, dès le XVe siècle, d’une flèche gothique qui a disparu lors d’une importante tempête en 1711 et remplacée au XIXesiècle par une toiture en ardoises. C’est au XVe siècle que le mur sud vit s’ajouter une petite chapelle communiquant avec le sanctuaire, la chapelle du tombeau de Marguerite d’Ecosse, dauphine de France, épouse du futur roi Louis XI, et la chapelle dite des fonds baptismaux. La chapelle du Saint-Sépulcre qui est due à Marguerite d’Ecosse, subit de nombreux dommages pendant les guerres de religion et sous la Révolution en 1789. Murée pour devenir sacristie au début du XXe siècle, elle vient d’être restaurée par les soins des Monuments Historiques. Entre 1995 et 1997, des découvertes importantes ont motivé les travaux : découverte du caveau et des restes de la jeune princesse, découverte sous le badigeon, des restes de peintures murales de style gothique international de grande qualité qui témoignent de la considération qui entourait une fille de roi destinée à être reine de France.
Château des Ducs de La Trémoïlle
Stratégiquement placé sur un promontoire naturel dominant un méandre du Thouet, le château des Ducs de la Trémoïlle possède un bâtiment principal, une cour intérieure, une orangerie, une chapelle et des écuries.
A l’origine, il y eut un premier château fort rasé en 762 par Pépin le Bref. Puis un second château fort pour défendre l’importante place forte qu’est Thouars durant la guerre de Cent Ans. Le château fut en particulier repris par Du Guesclin en 1372. Après être passée à la famille d’Amboise puis avoir été annexée au domaine royal, la vicomté de Thouars est restituée aux La Trémoïlle par Louis XI. Charles IX les fait ducs de la Trémoïlle, puis Henri IV pairs de France.
Marie de La Tour d’Auvergne, épouse d’Henri III de La Trémoïlle, duc de Thouars, ne supporte plus de vivre dans ce château fort, le trouvant froid et peu confortable, menace même de quitter Thouars si rien n’est entrepris pour lui construire une demeure plus agréable. Le projet initial prévoyait l’édification d’un monument beaucoup plus modeste. On commença tout d’abord par construire un petit pavillon adossé au vieux château ; puis en 1638, Jacques Lemercier conseilla de ne rien conserver des anciens bâtiments. La duchesse décida alors de raser le vieux château médiéval et de réutiliser les matériaux pour édifier une aile reliant le nouveau pavillon à la collégiale Notre-Dame.
Avec une façade de plus de 110 mètres de long précédée d’une cour d’honneur entourée de galeries à portiques, le château de Thouars est l’un des plus importants en France dans la première moitié du XVIIe siècle.
Les nouveaux appartements encadrent un pavillon central surmonté d’un dôme au milieu duquel s’ouvre l’entrée principale. La façade bien que dépourvue d’ornements, rappelle celle du Palais des Tuileries. L’architecture du château de la famille de La Trémoïlle est dans un style Louis XIII extrêmement sobre, on peut peut-être y lire la volonté de la duchesse Marie de La Tour d’Auvergne demeurée fidèle à une certaine rigueur protestante. D’ailleurs certains membres de la famille furent enterrés à l’intérieur de la demeure (trois sépultures furent redécouvertes sous sa chambre lors de travaux en 1873).
Les écuries ont été construites en 1707, sur un plan de Robert de Cotte, élève de Jules Hardouin-Mansart. Ce bâtiment devint une prison de 1870 à 1925, recueillant notamment bon nombre de communards (la Commune 1871). Elles abritent aujourd’hui l’école municipale d’arts plastiques, le Centre régional « Résistance et Liberté » et le centre d’interprétation géologique du Thouarsais. Le bâtiment principal du château accueille depuis les années 1930 un collège public. Des messes sont célébrées dans la collégiale (Fraternité Saint Pie X).
Le corps de logis central, à un étage et un étage de comble percé de lucarnes, est encadré de deux pavillons plus hauts d’un étage. Le premier construit, le pavillon sud qui était à l’origine accolé au château fort ensuite rasé, est trapézoïdal. Un dôme central abrite l’escalier dont la balustrade est en marbre de Laval. Le logis est précédé d’une cour d’honneur entourée d’une galerie à portique faisant terrasse accessible par les appartements du premier étage. Une autre galerie rejoint la chapelle. Les soubassements sont en pierre dure locale « la pierre de Vrines » ou grison, les murs en tuffeau et les couvertures en ardoise.
Le jardin a été détruit au XIXe siècle et il n’en reste que l’orangerie qui aurait servi de modèle à celle de Versailles. Un billet de Le Nôtre atteste qu’il a participé à leur création.
Chapelle Notre-Dame du Château
Appelée également Collégiale Sainte Chapelle Notre-Dame, elle est rattachée au château des Ducs de La Trémoïlle. Elle fut bâtie par Louis II de La Trémoïlle et Gabrielle de Bourbon. Datant du début du XVIe siècle, cette collégiale possède une magnifique loggia de style Renaissance italienne. La collégiale surmonte une chapelle basse, construite à la même époque, qui accueillait dans un premier temps la paroisse Notre-Dame. Entièrement voûtée, cette chapelle abrite aujourd’hui des restes et des vestiges des descendants des Ducs de La Tremoïlle. Ses façades allient le Gothique flamboyant à la Renaissance.
Le muolin de Crevant – XIXe siècle
Niché dans la vallée du Thouet, en contrebas de la ville de Thouars, le moulin de Crevant édifié au milieu du XIXe siècle, n’a cessé son activité qu’en 1989. Depuis 2001, c’est un écomusée qui témoigne de l’évolution du métier de meunier.
Durant une heure, la visite guidée nous fait découvrir le fonctionnement de la minoterie sur ses quatre niveaux. En 1903, le mécanisme a été largement modifié : la roue à aubes a été remplacée par une turbine, les meules par des machines à cylindre et le système de tamisage à été perfectionné.
Installé dans les anciennes écuries, un espace muséographique en accès libre complète cette approche. Entre autres, on peut y « rencontrer » André Quillet, dernier meunier de la famille qui a fait fonctionner le moulin de 1856 jusqu’à l’arrêt de la production.
La légende de Sainte-Radegonde
Une légende raconte que Radegonde de Poitiers (reine des Francs 519-587), vêtue d’un riche manteau d’hermine parsemé d’étoiles, était poursuivie par les soldats de son mari Clotaire Ier (roi des Francs 497-561). Voyant les sbires la rattraper, Radegonde demande à Dieu de lui venir en aide. Alors, les pommiers en fleurs ont courbé leurs rameaux pour la cacher. La reine a passé la nuit dans le verger, et le lendemain matin, elle est repartie libre, en abandonnant son manteau. Depuis, les étoiles de cet habit royal remontent à la surface.
La légende semble être vraie puisque les curieux trouvent encore aujourd’hui, au lieu-dit « le champ des étoiles » de la commune de Sainte-Radegonde, à l’ouest de Thouars, d’étonnantes petites étoiles. Ce sont des éléments fossiles qui, empilés, formaient le pédoncule des crinoïdes, des animaux échinodermes marins.
Dès 550, la terre des Pommiers était la propriété de Radegonde, reine des Francs, qui l’avait reçue de son époux Clotaire, le fils de Clovis. Refusant de vivre plus longtemps dans une cour où le crime était affaire d’état, Radegonde s’était réfugiée à Poitiers où elle a fondé le monastère de Sainte-Croix. Le Prieuré et l’église de Pommiers appartenaient à ce monastère et, à la mort de Radegonde le nom de la sainte fondatrice fut porté par l’église, puis par le village.
L’église du vieux bourg de Sainte Radegonde des Pommiers a longtemps attiré les nourrices ou les mères manquant de lait, qui venaient pour toucher le reliquaire du Saint-Lait. Celui-ci renferme une bourse en drap d’or blanc du XIIIe siècle, contenant des restes des bas de Sainte Radegonde et trois morceaux d’une pierre blanchâtre, souvenirs rapportés par un croisé de la grotte du Lait près de Bethléem (fuyant le roi Hérode, la Sainte Vierge y avait retrouvé le lait que la peur lui avait fait perdre).
Saint-Jouin de Marnes
Le village de Saint-Jouin de Marnes se situe au nord-est des Deux-Sèvres. La Dive est le principal cours d’eau qui traverse la commune. Les villes les plus proches sont Moncontour, Brie et Irais. Sa population est de 598 habitants et sont appelés les Marnois.
L’Abbatiale de Saint-Jouin de Marnes
L’Abbaye de Saint-Jouin de Marnes fut fondée sur le lieu d’installation au IVe siècle de l’ermite Jovinus, Saint Jouin, qui aurait été disciple de Saint-Hilaire et serait originaire de Mouterre-Silly dans le Loudunais. Ce serait vers 342 qu’il aurait fondé un oratoire sur le site d’Ension, ancien camp romain traversé par une voie romaine reliant Poitiers à Nantes et Angers. Les moines fuirent durant les guerres entre Pépin le Bref, Charlemagne et le duc d’Aquitaine. Cependant en 843, les moines de Vertou, fuyant les Norvégiens, cherchèrent refuge à Saint-Jouin et prirent possession de l’abbaye. Les moines reconstruisirent l’église à la fin du IXe siècle.
Au Xe siècle, ce bourg devint Saint-Jouin en hommage au fondateur de l’Abbaye et des miracles accomplis après sa mort survenue en 370. Passée sous la règle de Saint-Benoît au VIe siècle, l’Abbaye fut l’une des plus puissantes du Poitou.
En 1179, elle possédait 127 églises. L’église abbatiale est l’un des signes de cette prospérité, elle fut construite entre 1095 et 1130, sous l’impulsion du moine Raoul qui devient abbé aux environs de 1100.
Entre la fin du XIIe siècle et le début du XIIIe siècle, les moines de l’abbaye fondent l’église d’Aigne située sur la commune de Saint-Sébastien-sur-Loire en Loire-Atlantique, ainsi que l’église Saint-Jacques au sud de Nantes, l’abbaye de Vertou et le prieuré de Saint-Nicolas aux Moutiers-en-Retz.
Au XIIIe siècle, la nef reçut une voûte gothique. Au XIVe siècle, la guerre de Cent Ans incita à la fortification de l’abbaye pour offrir une protection contre les Anglais et les bandes de pillards qui profitaient de la situation. En 1476, le puissant abbé Pierre III d’Amboise fit rebâtir le cloître qui datait du XIIe siècle. En février 1568, une troupe de cavalerie protestante en route pour la bataille de Moncontour pilla et incendia l’abbaye. Le corps de saint Jouin et les reliques disparurent. L’ampleur des destructions fut telle que rien ne subsista pour les troupes de Gaspard II de Coligny.
Au XVIIe siècle, les moines rejoignirent la congrégation de Saint-Maur et l’abbaye connut une nouvelle prospérité. Elle abritait une école de peinture réputée. Lors de la Révolution française, les bâtiments furent vendus et en partie démolis, mais l’église fut épargnée.
En 1862 l’église abbatiale Saint-Jouin fut classée Monument Historique. De nombreux tableaux, les cloches ou encore les stalles bénéficient également d’un classement. C’est l’église poitevine la plus longue (72 m) ; elle est souvent décrite comme un « long navire ancré dans la campagne ».
Joyau de l’art roman, elle est considérée comme le « Vézelay poitevin ». Sa façade présente des faisceaux de colonnes surmontés aux angles par des lanternons octogonaux. Elle se lit de bas en haut comme un grand livre d’images figurant l’itinéraire conduisant de Terre au Ciel. A la base du pignon triangulaire, se trouve une figuration du Jugement dernier d’un type unique dans l’art romain : le Christ en gloire est représenté adossé à la Croix et montrant ses plaies, à ses pieds, la Vierge d’intercession est entourée d’une double procession.